
HOPELESS CASES - ANNE CLARK
Les titres
Poem Without Words I - The Third Meeting (instrumental) – Homecoming – Up – Cane Hill – This Be The Verse (instrumental) – Now – Hope Road - Armchair Theatre – Leaving - Poem Without Words II - Journey By Night (Instrumental)
HOMECOMING - Retrouvailles
Tu t’avances dans la lumière
Surgi du ciel vide du soir
Les articulations frottent les ténèbres
Qui entourent mes yeux.
Tu t’avances dans la chaleur
Surgie de l’air froid du soir
Des doigts blancs engourdis par le froid
Balaient la pluie poisseuse de mes cheveux
Tu apparais,
Surgi de l’ombre projetée contre la porte
Des mains se tendent et saisissent ce moment
Qu’elles attendaient.
Tu m’attires vers toi
L’humidité s’infiltre sur ma peau
Tu enlèves les différentes couches
Je sens le feu qui s’allume en moi.
Les sensations, tu les crées,
Moi, mes besoins, je les retiens
Ce sont des moments volés,
Aucun plaisir n’est jamais gratuit.
Tu soutiens le rythme
Je garde le tempo
C’est notre unique occasion
Transformons ce froid en chaleur.
La notion, c’est toi qui la possèdes
Moi, je m’en remets à toi
Nous sommes liés par cette émotion
Deux corps – un seul battement de cœur
Les sensations, tu les crées,
Moi, mes besoins, je les retiens
Tu soutiens le rythme
Je garde le tempo
Le désir prend vie
Rien n’interrompt la vague
L’eau nourrit chaque crevasse
Là où l’amour a besoin de se nourrir
On glisse vers le sol
Transportés par la houle,
On atterrit sur le sol
Le monde devient un lieu
Sans formes distinctes, sans sons bien définis
Un bref instant, nous sommes perdus
Dans le nœud où s’imbrique l’amour
Tu déverses de tes tripes la liberté
Et je bois comme du vin
Le murmure de ta voix
Ce sont des mots qui apaisent le doute
Ta force, si essentielle
Je ne peux pas m’en passer
Toi ….
Nous ralentissons chaque mouvement en nous
Jusqu’à de nouveau ne plus bouger.
Dehors la ville fait courir
Des voitures sur les routes,
Comme le sang dans les veines.
Ici, l’air est agréablement poisseux
Comme une couverture qui nous tiendrait chaud.
Nos corps déversent des gouttes d’amour
Les derniers instants de l’orage
Me font ouvrir les yeux.
Tu es encore plus proche de moi
Tandis que la foule se presse,
Et s’écrase comme les vagues de la mer,
On se retourne et ressent le monde
A des millions de kilomètres
Il est toujours là pour s’immiscer
Mais je suis toujours là pour murmurer : toi ...
ARMCHAIR THEATRE
Du théâtre dans un fauteuil
Cette maison est remplie de solitude,
De silence triste et fatigué.
J’allume la télévision
Pour trouver de la compagnie.
Deux acteurs, un homme et une femme,
Poussent de petits gémissements exagérés
Pendant qu’ils simulent
Une baise censée me divertir.
Ces gémissements sans fins
C’est du flan,
C’est pour faire semblant
Tout comme la dernière fois que nous avons fait semblant.
La nuit est le moment le plus difficile de tous.
Je n’ai pas besoin de ça,
De ce souvenir vil et cru
De la façon dont nous avons joué nos rôles
En l’absence de tout scénario.
UP – Là-haut
Des avions se propulsent
Là-haut, dans le ciel rose du Nord
Au bon moment.
De lourds bateaux d’un blanc étincelant
Glissent sur les eaux grises.
Des formes tachées de bleu
Sous ta fenêtre, s’offrent à ta vue.
Un riche soleil,
Aussi précieux que l’or, se déplie,
Déroule un nouveau jour.
La clarté et la lumière
Font entrevoir un avenir radieux.
Le contact est pris,
Et je vois les choses autrement, enfin.
De l’endroit où je suis, avec toi,
Les couleurs explosent.
CANE HILL
Ici, sur ces ombres fantomatiques
D’hommes et de femmes,
Il n’y a pas de sourires.
Séparément, ils se mêlent
Au gris des murs
Et, sous d’étranges angles,
Ils voyagent vers le néant.
Chacun est un noyau de tristesse et de désespoir
Peu, ou pas de conversation
Ne sort de leurs lèvres tâchées par le tabac.
Ils sont assis, seuls.
Ils sont pour l’éternité dans des institutions
Qui sont devenues leurs yeux
Qui sont devenues leurs bras, leurs jambes.
Ils sont vides à présent
Tels des coquilles qui vont et viennent
Sur un rivage d’une plage inexplorée.
Ils traînent sur des colonnes vertes et raides,
Comme les pensées les plus sombres
Qu’ils insufflent dans votre tête.
Vous ne pouvez pas leur poser de questions,
Car ils ne vous répondent jamais
Ils représentent nos peurs les plus profondes.
NOW - Maintenant
La sueur me descend jusqu’au milieu du dos
Elle rampe comme un insecte, et fait sa trace.
La sueur descend jusque dans ma nuque
Par anticipation, la cause et l’effet.
A chaque respiration, je capture une goutte
Jusqu’à ce qu’’il n’y ait plus ni doute, ni indécision,
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune question à se poser.
Marcher dans les rues seule parmi une foule de visages inconnus
Comble mon temps de ces pensées de toi et moi éloignés
J’ai envie d’être avec toi !
Tu respires une nouvelle vie – elle est partout
Elle m’appelle en silence
Cette distance se creuse en moi
Les avions fendent le ciel comme des couteaux.
J’ai envie d’être avec toi !
Cet endroit se moque de savoir qui part et qui reste
Je regarde les bateaux hisser leurs voiles,
Je m’attarde et j’écoute les trains qui s’éloignent
Cette terre qui est la mienne part seule à la dérive,
Loin sur les flots,
Sans destination, sans intention, sans rien d’autre à m’offrir,
Et je ne peux rester là !
Ça tient tout seul – retour en ce monde
Et, à travers tout ça, on dirait qu’il s’enroule autour des gens,
En resserrant leurs liens plus fort qu’une corde
Il ne lâche rien, chaque jour sans espoir
Ce n’est pas très accueillant pour le luxe de l’amour !
Sur les murs des villes, la belle vie est affichée
Mais ne parvient pas à camoufler la vérité des façades qui tombent en ruines
Les immeubles brûlent, les rues sont en feu,
Chaque muscle, chaque nerf se tend pour atteindre un lieu plus grand
Vas-y, ressens moi !
Vas-tu rester, vas-tu me faire confiance
Vas-tu transformer les idées en gestes avant que le mécanisme ne se rouille
Me serreras tu dans tes bras, dans tes mots,
Et, dans ton réconfort, me tenir chaud ?
Dans ton abri, je quémande refuge pendant que je m’envole vers l’orage.
Prends moi !
Prends moi maintenant !
HOPE ROAD – La Route de l’Espoir
Voici les faits
Qui ont mené à cette désolante histoire :
Je me trouvais dans une ville que je ne connaissais pas
J’y étais arrivée par le train.
Tout avait commencé une semaine auparavant :
Les joies du samedi soir :
Une invitation à une fête
Ou regarder Le Juste Prix.
J’ai opté pour une soirée,
Ma première de l’année.
Mauvais mélange avec les fêtards,
Mélange de Bacardi, de vin et de bière,
Et la pièce bougeait dans tous les sens
En même temps que les danseurs.
Je me suis réfugiée dans un coin
Et c’est là qu’il m’a demandé comment je m’appelais.
Bon, je me suis dit que c’était très sympa
Et, dans le brouillard, je lui ai souri.
La conversation allait d’Auguste Rodin
Aux pièces d’Harold Pinter.
Il m’a dit qu’il jouait du piano,
Qu’il s’appelait Steve,
Et, en de telles circonstances,
Pourquoi ne l’aurais-je pas cru
Quand il m’a dit qu’il habitait très loin
Et qu’il était là pour déménager ?
Il m’a gribouillé son adresse
Et a ajouté qu’il n’avait pas le téléphone.
Il m’a proposé d’aller dîner le vendredi suivant
Ce à quoi j’ai répondu pourquoi pas ?
Puis il m’a embrassée sur la joue.
Je me sentais si heureuse ce soir-là
Excitée comme tout
Vous voyez ! la compagnie d’étrangers
Ne vous rend pas forcément triste.
En titubant, je suis rentrée chez moi, satisfaite
Comme un chat qui a eu sa dose de lait.
Je me suis réveillée un peu fatiguée
Mais je savais que je n’avais pas rêvé.
Les jours qui ont suivi, je me sentais nerveuse
Comment devrais-je m’habiller ?
Que se passera-t-il si, en arrivant,
La Route de l’Espoir n'existe pas ?
Mon ami me disait : « ne sois pas stupide,
Car personne ne ferait ça/
Maintenant, bouge-toi et enlève ce chapeau ridicule ! »
Je m’assurais de partir suffisamment à l’avance,
Je m’assurais d’avoir pris le bon train
Et de descendre à la bonne gare,
Et puis, bien sûr, il s’est mis à pleuvoir.
J’ai suivi le trajet
Exactement comme il me l’avait noté
J’ai demandé à des gens s’ils connaissaient la Route de l’Espoir
Mais ils ne m’écoutaient pas.
J’ai tourné à gauche au carrefour
J’ai pris la bifurcation à droite,
Puis tout droit au carrefour.
Mais là, aux feux,
Ça devait faire des heures que j’arpentais ces rues,
Dans le noir et dans le froid,
J'ai du me rendre à l’évidence :
La Route de l’Espoir n’existait pas.
Et voilà, je me retrouve encore seule
Enfermée avec moi-même
La télé, des plantes, des livres et moi.
Tout est bien rangé sur une étagère.
Je serai plus prudente la prochaine fois
Je ne me ferai pas avoir la prochaine fois
C’est une de ces choses simples
Qu’on ne t’apprend pas à l’école
Retiens bien ceci :
Quand tu te balades à travers le monde,
Peu importe qui tu es,
Que tu sois un garçon ou une fille
Méfie toi, méfie toi
Quand les gens paraissent gentils
Sur le moment, ça ne coûte pas grand-chose,
Mais c’est plus tard que tu en paies le prix.
La Route de l’Espoir n’existe pas.
LEAVING - Partir
Souviens toi de moi pour ce que j’étais
Pas pour ce que je suis devenue.
Je bondirai dans les ombres
Je disparaitrai sous la pluie.
Souviens toi de moi pour ce que j’étais
Pas comme tu me vois aujourd’hui.
Je mettrai un pied dans les lendemains
Je me fondrai dans le soleil.
Souviens toi de moi pour ce que j’étais
Un clin d’œil dans ta direction au moment opportun,
Un sourire qui entre par effraction au cœur d’une lune montante,
Un mot de réconfort.
Je me mettrai à l’abri
Des langues et des mensonges qui claquent froidement comme un fouet,
Je me mêlerai à la foule,
Je me disperserai dans le ruisseau,
Je me fondrai dans l’obscurité,
Je me retournerai, et je m’en irai.
Souviens toi de moi pour ce que j’étais
Comme un seul univers qui se casse en deux
Je suivrai ma propre intuition
Je construirai un autre chemin.
Souviens toi de moi pour ce que j’étais
Pas pour ce que je n’ai pas pu être.
Souviens toi de moi pour ce que j’étais
Et pour ce que je ne devrais plus jamais être.